Petit-bourgeois vs Mythologies
Pour Alain Finkielkraut
« On ne peut pas utiliser le beau mot de révolte pour le mouvement absurde et odieux qui se répand aujourd’hui dans les universités. »
«les étudiants luttent pour la prolongation de leur misère comme s’il s’agissait de leur salut »
« un mouvement odieux parce que un certain nombre d’étudiants sont en désaccord, ils ne peuvent pas le dire »
« Voir entrer dans la vie politique un certain nombre de jeunes par la voie de l’intimidation, c’est extrêmement inquiétant. »
« les universités actuelles sont clochardisées, c’est à pleurer. »
« l’éducation nationale doit être conservatrice car on n’a jamais enseigné le futur. »
« En France le vieux monde a le visage hideux de fac déglingue. »
Alain Finkielkraut devrait relire l’usager de la grève de Roland Barthes in Mythologies.
« Il y a encore des hommes pour qui la grève est un scandale : c’est à dire non pas seulement une erreur, un désordre ou un délit, mais un crime moral, une action intolérable qui trouble à leurs yeux la Nature. Inadmissible, scandaleuse, révoltante, ont dit d’une grève récente certains lecteurs du Figaro.(…) Aux préfets de Charles X comme aux lecteurs du Figaro d’aujourd’hui, la grève apparaît d’abord comme un défi aux prescriptions de la raison moralisée : faire grève, c’est « se moquer du monde », c’est à dire enfreindre moins une légalité civique qu’une légalité « naturelle » (…) le scandale vient d’un illogisme : la grève est scandaleuse parce qu’elle gène précisément ceux qu’elle ne concerne pas.(…) opposer le gréviste et l’usage, c’est constituer le monde en théâtre (…) et confronter ces acteurs arbitraires dans le mensonge d’une symbolique qui feint de croire que la partie n’est qu’une réduction parfaite du tout. (..) la grève fonde le devenir et la vérité du tout. Elle signifie que l’homme est total, que toutes ses fonctions sont solidaires les unes des autres, que les rôles d’usager de contribuable ou de militaire sont des remparts bien trop minces pour s’opposer à la contagion des faits, et que dans la société tous sont concernés par tous. (..) le paradoxe c’est que l’homme petit-bourgeois invoque le naturel de son isolement au moment précis où la grève le courbe sous l’évidence de sa subordination. »
Alors, petit-bourgeois Finkielkraut ?