Tournoi des six nations (2/6)

Publié le par François


Le chardon manquait de piquant, le trèfle portera-t-il bonheur ?

Le rugby est un curieux monde où se croisent faune et flore. La France s'enorgeuillit de son gallinacé chantant fièrement sur des torses bombés et bodybuildés, ce que font aussi les Argentins avec leur jaguar (injustement assimilé à un puma), les Australiens avec leur wallaby et les Sud-africains avec leur gazelle (springbok).

Dans le tournoi néanmoins, les Bleus sont les seuls représentants du règne animal. Les Italiens ont opté pour une impériale couronne de laurier, les Anglais ont leur piquante rose, les Ecossais leur diabolique chardon, et les Irlandais leur vert trèfle (à trois feuilles, ce qui est en soi un symbole). Les Gallois, eux, réalisent un syncrétisme des règnes en associant le poireau aux plumes d'autruche.

Voilà pour la partie culture G, retour au labeur. L'équipe de France a bien joliment entamé son tournoi le week-end dernier en fessant les Ecossais à Edimbourgh (27-6), et en offrant un projet de jeu alléchant basé sur la vitesse, l'évitement, la prise d'initiative. On attendait au tournant cette nouvelle équipe dont l'identité devait se construire en réaction au jeu austère des années Laporte, et l'on ne fût pas déçu. Dans la presse, les louanges succédèrent aux interrogations, et voici que Vincent Clerc (auteur d'un match magistral avec 2 essais au compteur) se vit nommé "meilleur ailier du monde" par l'Equipe...
Soit, le résultat fût à la hauteur des espérances, mais il ne faudrait pas être trop dithyrambique avec ces jeunes bleus, et ne pas oublier que l'opposition offerte par les guerriers des Highlands était bien faible et décevante. D'autant que de nombreux secteurs restent à travailler: la mêlée (qui s'est réglée en deuxième période), le jeu au pied (très approximatif), et un gout de l'attaque aux limites de la témérité qui aurait pu couter cher contre d'autres équipes.

Autre lieu, autres moeurs, aux Ecossais succèdent les Irlandais, fiers porte-étandards du "fighting spirit" et de la Guinness, et dont les choeurs envahiront les rues et les pubs de Paris ce week-end. Vainqueur dans la douleur de leur premier match face à l'Italie (16-11), les Verts d'Irlande sont d'un autre tonneau que les marines Ecossais. Equipe puissante, compacte et expérimenté, elle est capable d'imposer ses shémas de jeu aux autres nations (oui, le jeu de rugby relève bien de l'architecture). Bien que vieillissante et victime d'un manque de renouvellement chronique qui la plombe depuis l'an dernier, ce groupe garde de sérieux arguments, dont un jeu au pied et une touche conquérants.

Tout cela, Marc Lièvremont le sait bien, et l'a incorporé dans sa composition d'équipe. Le groupe de 22 joueurs reste inchangé, à l'exception du forfait du troisième ligne Elvis Vermeulen remplacé par le Montpeliérain Louis Picamolles, mais le XV de départ change. Au total, ce sont six modifications qu'apportent les sélectionneurs.
Le solide catalan Nicolas Mas sera titulaire à droite de la mêlée pour apporter son poids à un secteur chahuté à Murrayfield. Swarzweski, Bonnaire et Skrela, remplaçants en Ecosse, entreront pour amener de l'expérience et, pour l'ouvreur parisien, un jeu au pied rodé au niveau continental. En deuxième ligne, signe de la science de l'adaptation des sélectionneurs, le rugueux albigeois Arnaud Méla relayera le plus joueur Loic Jacquet. Place au roulement aussi à l'aile, où Aurélien Rougerie prendra la place de Vincent Clerc, signe que rien ne sera acquis dans cette nouvelle équipe de France.
Malgré tout, avantage à la France, elle qui n'a pas perdu face aux coéquipiers de Brian O'Driscoll depuis 2003, et dont le  trèfle nous porte généralement chance.

Mais, comme à chaque match, la seule vérité qui compte sera celle du pré, et toutes les conjectures seront vaines si les Bleus ne gagnent pas. Le syndrome de la coquille vide frappera alors les commentateurs sportifs, qui reviendront à leur instrument favori, le poignard.

Publié dans Chroniques

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F
Pour cause de blessure, l'ailier clermontois Julien Malzieu est forfait. Clerc sera titulaire. L'arrière de Clermont Anthony Floch (0 sélection) sera sur le banc.<br /> NB: le match est samedi à17 h
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